Un Serpico, coco ?

Publié le par Sylvain Thuret



Entiché des causes perdues, je me suis lancé dans une petite collection de bons films trouvables en
HD DVD, ce format mort-né au profit de la raie bleue du grand schtroumpf, que je regarde sur mon époustifiant ordinateur portable via le lecteur dédié de la Xboite. Pour avoir réussi l'exploit de relier le bouzin en USB sur l'ordi, je n'aurais qu'un commentaire : Bac+2 les enfants ! 
 
Et c'est dans ce sublime format que j'ai pu découvrir Serpico de Sidney Lumet. Comme l'indique son titre, il s'agit plus d'une étude de caractère que d'un polar tirant flingues et sirènes. Le personnage joué par Al Pacino, sortant juste du film tremplin Panic in Needle Park, et en train d'exploser pour de bon dans le Godfather de Coppola qui tient à être de son époque, les seventies mi acides mi raisins, tout en se servant de la montée de la street culture pour être plus efficace dans son travail de policier. 
 
Dans la forme, la narration est inhabituelle puisqu'elle suit par épisodes, voire par morceaux, le parcours de cet inspecteur, qui pour rester intègre au sain d'une police corrompue jusqu'à la racine, et malgré un professionalisme et un oeil évident, se retrouvera de plus en plus isolé d'un système et d'une amérique qui resserre la vis après la grande explosion sixties. Luttant pour sa survie au sein d'un univers qui le rejette de plus en plus, Serpico annonce de par son entêtement et son professionialisme, les personnages récurrents des films de Mann, dans lesquels on retrouve d'ailleurs Pacino 30 ans plus tard (Heat, Insider). C'est surtout cette volonté affirmée de montrer la vie privée du héros, sorte de clodo-hippie-bohème curieux du monde et qui doit soufrir n figure christique pour la survie du système, qui le rapproche encore plus de la vision assise par Mann



Quant à la musique signée par un certain Mikis Theodorakis, dont je sais seulement qu'il est apprécié par Leonard Cohen et qu'il a travaillé avec Piaf, elle vaut largement celle du Parrain, en jouant sur les mêmes cordes de musique traditionnelle nostalgique et rupestre, donnant une caisse de raisonnance mélancolique et personelle à l'italianité de notre héros, engulfed in the big Apple. Dans le trivia dédié au film sur l'IMDB, on apprend que Pacino aurait demandé "Pourquoi ?" au vrai Serpico. Réponse : "Je ne sais pas. Comment voulez vous que j'écoute de la musique ensuite".  

Je ne saurais vous dire "bon sang quel chef d'oeuvre". Mais quand même, c'est là tout près du coeur et on me le retire plus. J'ai de la sympathie pour cet unsung hero à l'inaltérable énergie, qui trébuche dans ses relations avec les femmes et abîme sa foi dans le corps auquel il appartient. Les causes perdues sont souvent celles qui méritent d'être défendues. 





 

Publié dans Cinéma

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